Alain GUILLAUME

   La période gallo-romaine dans l'arrondissement de Lure était très peu connue en 1981 lors de la création de la SHAARL.

   Notre premier travail fut de faire un dépouillement le plus exhaustif possible des sites signalés par les documents anciens et de les étudier.

   Ensuite nous avons exploré plusieurs pistes pour découvrir de nouveaux sites.

   1) l'étude de tous les documents signalant des restes de constructions, mais aussi des légendes orales parlant d'anciens villages, monastères ou châteaux.

   2)  la prospection au sol des lieux proches des voies romaines connues.



   3) l'étude détaillée des nom de lieux dits. Les cartes IGN, mais surtout les cadastres et notamment le 1er cadastre dit « napoléonien » datant du début 19è siècle, sont des alliés précieux pour les prospecteurs.

   Pour cela il faut se mettre à la place d'un agriculteur du 12ème ou 13ème siècle lorsqu'il découvre en labourant dans son champ des restes de murs mélangés de tuiles et de pierres. Pour lui, qui habite dans une maison de terre et de bois, son imagination va commencer a fonctionner.

  Avec son langage de l'époque notre cultivateur va penser qu'il s'agit de masures en ruine et le lieu sera ainsi nommé, en vieux français, champ des «Maizière», ou des dérivés comme «Mazerolle», «Mazet», etc. Mais aussi des champs du «Château», «Chastel» de «l'Église» ou de la «Chapelle» ou même «Velle» (pour village).

   La présence de nombreuses tuiles donnera le nom à des champs des «Tuiles», «Tioles», «Tiolière» ou des champs «Rouge», «Rougeux», etc.

Les nombreuses pierres donneront des noms comme champs des «Pierres», des «Murger».

   Les maisons gallo-romaines ayant souvent été incendiées les champs des «Terres Noires» sont- à surveiller.

   Les lieux de résidences antiques ont été très souvent réoccupés par les Mérovingiens qui avaient l'habitude de les utiliser comme cimetière. Donc il faut prospecter les champs des «Morts», le «Cimetière», des «Auges» (pour les sarcophages réutilisés en abreuvoir).

   Les milieux forestiers sont très difficiles à étudier. Nos découvertes en forêt sont presque toujours le résultat de conversations avec les gardes forestiers qui peuvent voir des restes de constructions lors des travaux ou dans des racines d'arbres déracinés.

   Après plus de 20 ans de prospection et de surveillance des travaux nous avons répertorié plus de 180 sites gallo-romains pour notre petite région. L'importance de ces sites varie, quelquefois il s'agit de restes de maisons très modestes jusqu'à des sites d'une importance exceptionnelle.

   Toutes ces découvertes ont été signalées aux services régionaux de l'archéologie où ils ont été intégrés sur la carte archéologique de Franche-Comté.